Mythes et idées reçues autour du trouble de la personnalité borderline

Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) – Rennes – Octobre 2024

Vous pouvez retrouver le support de présentation utilisé lors de cette action ici : ABE_PPT_SISM_2024.

Introduction

Dans le cadre de notre mission d’information et de déstigmatisation des troubles psychiques et, plus particulièrement, du trouble borderline, nous avons choisi d’aborder le thème suivant cette année : les mythes et idées reçues autour du trouble borderline.

Méthodologie

Notre action résulte d’une démarche qui combine témoignages de nos usager·e ·s et synthèse de la littérature scientifique récente sur le sujet.

Nous avons en effet construit un questionnaire afin de récolter les ressentis, conséquences et éventuelles personnes des personnes concernées face à différents mythes sur le TPB.

Echantillon

Voici quelques données socio-démographiques concernant nos répondant·e·s :

Répartition en âge

Répartition en genre

Répartition géographique

Résultats de l’enquête

Voici les pourcentages de personnes de notre échantillon ayant entendu les mythes que nous leur proposions :

Mythes et idée reçuesPourcentage
"Tout le monde est un peu borderline"74 %
"Les comportements d'automutilation ne sont qu'une recherche d'attention"62 %
"Il suffit de prendre sur soi et de se bouger pour aller mieux"62 %
"Le trouble borderline touche davantage les femmes"55 %
"Le diagnostic de TPB n'est pas valide / sérieux"55 %
"Les borderlines sont tous des manipulateurs"45 %
"C'est comme la bipolarité mais en moins grave"45 %
"C'est juste une crise d'adolescence"43 %
"On ne peut pas diagnostiquer le trouble borderline à l'adolescence"40 %
"Les personnes borderline ne pourront jamais aller mieux"29 %
"Les personnes atteintes de TPB sont juste très colériques"21 %

Cependant, cette liste proposée n’étant pas exhaustive, voici d’autres idées reçues auxquelles se sont confronté·e·s nos usager·e ·s :

Ressentis face aux idées reçues

Si l’on aborde la question des ressentis, sans beaucoup de surprise, ces mythes sont vécus avec beaucoup de violence pour la plupart des personnes.


Certain ·e ·s parlent d’être « frappés par la foudre »,de subir« un coup au coeur »; ces phrases se révèlent extrêmement blessantes pour les personnes qui les entendent.

Elles nous parlent de sentiment d’injustice : « alors que je ne me cache jamais derrière mon trouble, je suis toujours en train de lutter… », de sentiment de ne pas être aimé tel que l’on est et d’une sensation d’insécurité qui s’installe suite à ces mots. Il en résulte un sentiment d’abattement, de découragement voire d’accablement.

Les émotions rapportées par nos participants sont nombreuses et variées et, la plupart du temps, désagréables. Nous pouvons citer :

  • la colère, voire un sentiment de révolte ou de trahison : « Le fait que des professionnels de santé puissent dire des choses pareilles m’a largement révoltée car ils continuent de valider des propos faux sur le trouble borderline. »
  • la tristesse, profonde, jusqu’au sentiment d’être démunie, désespérée
  • la frustration
  • la honte : « de ne pas être normale »
  • l’humiliation, avec un sentiment d’infantilisation
  • la solitude face à une indifférence face à son mal être
  • et enfin, la culpabilité, car ces mots peuvent être vécus (et sont parfois) des reproches et sont plein d’injonctions comme autant de sentences blessantes :
    • « mes proches me reprochaient de me créer des problèmes »
    • « dépeint comme une personne dangereuse et incapable d’autre chose que d’être un monstre (terme utilisé à mon égard) »
    • « Ca déclenche la voix en moi qui m’insulte et tient ce genre de propos. Ca peut finir en scarifications »

Une majorité des répondants nous a également évoqué un vécu de stigmatisation. Il s’agit effectivement de généralisations qui conduisent à englober toutes les personnes touchées par le trouble plutôt que de considérer l’individualité des personnes. D’autre part,les jugements et préjugés s’expriment par les mots mais aussi par des « regards lourds », pesants. Nos usager·e ·s posent pour hypothèse que ce sont méconnaissance et ignorance du trouble, qui entrainent une incompréhension forte et, en ultime recours, poussent ces personnes à s’accrocher à des clichés.Certain·e·s nous disent y être presque résigné·e·s comme en témoigne : « je ne suis pas surprise aux vues de la vision globale de la psychiatrie par la société ».

Une thématique majeure qui ressort également ici est celle de l’invalidation. En effet, la souffrance vécue par les personnes touchées par le trouble borderlines est banalisée, minimisée, voire complètement niée. Il y a, en premier lieu, le sentiment de ne pas être compris ou pris au sérieux dans son ressenti et ce, d’autant plus que la personne lutte pour garder unmasque social. C’est alors la double peine. Cela entraîne un tel sentiment d’illégitimité que certain·e·s en viennent à remettre en question leurs émotions et leur mémoire :« je me suis tout inventé ».Il est évoqué une véritable interdiction de s’exprimer : « j’ai l’impression de grandir dans un monde où chacun peut donner son ressenti sauf moi ».

Il nous tient à cœur de rappeler que ce vécu d’invalidation est d’autant plus grave et impactant pour les personnes borderlines qu’il constitue un des antécédents reconnus du trouble, par la communauté scientifique. En effet, le TPB prospère souvent dans un environnement familial invalidant où les émotions sont niées, minimisées, non reconnues et où, par conséquent, l’apprentissage de la régulation émotionnelle est impossible.

Conséquences des idées reçues sur les personnes concernées

La première conséquence concrète de ces paroles sur les personnes concernées est le repli sur soi et l’isolement.En effet, il s’ensuit parfois des ruptures de liens, qui peuvent alors entraîner plus de solitude et de mal être. Le repli peut également être plus interne comme un masquage excessif : ne plus parler, ne plus chercher d’aide, cacher ses symptômes le plus possible. Dans tous les cas, les relations sont massivement désinvesties comme le note une répondante : « Je n’ai toujours pas trouvé comment en parler sans générer cela ». Cela nourrit une grande méfiance qui peut être très dure à déconstruire ensuite : « j’ai eu la profonde envie de m’ouvrir à un cercle de personnes qui me sont proches et leur retour à surtout été de décrédibiliser mon ressenti « .Certain·e·s mentent alors pour éviter les jugements, par peur : « Je ne peux pas parler de mon expérience ».Tout cela ne fait que retarder une amélioration du trouble, de la qualité des vies des personnes ou de prises en charge adaptées.

Ces phrases conduisent en outre parfois à une relativisation si extrême de leur trouble qu’il devienthors de question de chercher de l’aide par sentiment de manquer de légitimité. En résulte encore une fois retard de diagnostic et de prise en charge (ce en particulier pour le mythe de la crise d’adolescence).

Il peut également se produire une intériorisation de ces mythes ce qui est un mécanisme de réaction courant aux discriminations qui s’appelle l’auto-stigmatisation :« je me suis convaincu que c’était vrai et j’ai pensé que je ne pourrais jamais rien faire parce que « trop instable », « parce que j’ai peur de mettre qui que ce soit en danger, que mon trouble prend de toute façon trop de place pour que je puisse vivre très longtemps ».

Chez d’autres personnes, il peut également se produire une sur-identification au trouble que l’on ressent dans ce témoignage :« l’impression que tous ces gens ont raison, que leurs préjugés/avis/mots/jugements me définissent et que je ne suis donc que mon trouble ».

Réponses des répondant·e·s


Alors comment se protéger de ces mythes ? Comment y répondre ?

Nous pouvons tout d’abord noter qu’une part non négligeable de nos répondant·e·s s’en sent tout bonnement incapables. Il peut s’agir de manque de répartie sur le moment, du fait d’être trop blessé pour répondre ou d’avoir des difficultés à expliquer le trouble et son vécu personnel. Cela peut conduire à un sentiment d’échec et d’incompréhension très difficiles à vivre.

D’autres nous disent qu’il y a, en premier lieu, besoin de déconstruire ces préjugés en soi avant de pouvoir le faire chez les autres. Quand on sait l’image catastrophique de soi qu’ont souvent les personnes touchées par le trouble borderline, on peut mesurer l’ampleur du travail préliminaire à effectuer. Pour illustrer, il nous est dit : « je trouve le trouble difficile donc l’expliquer en plus à quelqu’un qui a déjà des préjugés sur la santé mentale me paraît très compliqué « ou, à la question : « est-il possible de répondre à « les personnes borderlines ne pourront jamais aller mieux »? » :« Non, je ne crois pas, pour le coup c’est « l’idée reçue » qui prend le plus de place dans ma vie, ça me conditionne a annuler pleins de choses, à ne pas en envisager d’autres, j’ai de plus en plus l’impression que c’est vrai et que je ne suis capable de rien. Elle est trop conséquente pour que je me sente un jour capable de me défendre. »

Il est à souligner également que quand ce sont des psychiatres qui prononcent ces mots, cela peut être reçu comme un abus de pouvoir de leur part comme en témoignent : « C’est parce que t’es psychiatre reconnu dans le domaine que tu te permets d’affirmer ça » ou « Je ne me sentirai pas la force de répondre à un professionnel de santé qui m’écraserait de son savoir, et je ne sais pas même si cela changerait quoi que ce soi ». Dans ce dernier cas, il semble encore plus compliqué de pouvoir répondre.

Mais pour une autre part significative de nos répondant·e·s, la réponse semble résider dans la pédagogie et l’explication du trouble. Cela est rendu possible par des années de psychoéducation sur le trouble qui deviennent de véritables compétences applicables auprès des proches : « J’ai les connaissances maintenant qui me permettent d’argumenter, d’expliquer. »Cela ne se fait pas sans peur, sans énergie et sans une certaine dose de self-control. Les réactions en retour peuvent être très variables en fonction des proches (l’une nous dit que les amis sont réceptifs à la pédagogie mais pas la famille par exemple). Il est également précisé qu’il peut être intéressant d’inviter la personne dans l’incompréhension à poser des questions sur le trouble ou les ressentis des personnes concernées. Une répondante nous souligne qu’il importe de faire preuve de vulgarisation pour être accessible ce qui peut être un exercice complexe d’autant plus qu’il faut également être assez précis. Voici un exemple de vulgarisation d’une répondante : « A la base , c’est une souffrance psychique non visible , insoutenable. Ils ne parviennent pas à la contrôler et par moments , ça déborde. Le temps qu’ils réussissent à se réassurer, les débordement émotionnels prennent le dessus. Pour ne pas être rejetés, ils utilisent en effet tous les moyens. Le rejet étant pour eux la pire des situations. Ce sont les seuls moyens pour eux de faire face à ce trouble. Les aider à revoir ces mécanismes de défense , à réguler leurs émotions, à se réassurer est , pour eux, la sortie vers un univers plus serein et plus porteur pour eux et pour « les autres ». ».

Certain·e·s préfèrent se concentrer sur l’explication des conséquences de la stigmatisation plutôt que sur le trouble lui même, en abordant le retard de soin par exemple. D’autres nous disent qu’il est utile d’utiliser son propre vécu du trouble et ainsi, de le personnaliser. Par exemple, témoigner de ses réussites permet de contrer les généralités (réussir à garder un emploi, avoir développé une relation amoureuse saine et satisfaisante, avoir contré une addiction par exemple). Souligner que l’autre ne voit que la surface d’une personne permet d’attiser sa curiosité de découvrir un ressenti plus intime et profond, loin des clichés : « [Il y a ] autant de situations différentes que de personnes porteurs de ces troubles… « Plusieurs citations illustrent ce propos :

  • » qu’il prenne ma place une journée pour voir, qu’on ne peut se rendre compte de la violence du trouble qu’en le supportant au quotidien mais qu’en connaissance de cause on peut respecter au minimum le trouble et donc ne pas émettre de jugement vis à vis de celui -ci. »
  • « aujourd’hui je répondrai : « je ne me cache pas derrière mon trouble , il existe , je le vis au quotidien et je ne vais pas faire comme si il n’existait pas pour plaire à la société , je vis avec les TPB et c’est ainsi »
  • d’un.e proche : « Aujourd’hui , j’ai compris. Leur « monde » est tellement envahi par l’émotion, la souffrance, la brulure, qu’il semble impossible de laisser une place à la pensée « rationnelle » sauf lorsque les choses s’apaisent, qu’ils se rassurent, que la souffrance, le trauma ne prennent plus toute la place. «

Certain·e·s proposent également de réagir avec affirmation de soi. Par exemple, pour répondre à une accusation de manque de volonté : « j’ai surtout besoin de bienveillance quand je manque d’énergie ».Ou plus généralement :

  • « il me faut plus de force et de courage pour vivre tel que je suis et assumer mon trouble qu’ils ne devront jamais en fournir dans toute leur vie. Et que ça, ça me rend bien plus importante que leur opinion »
  • « Une personne borderline est en souffrance et vit un combat permanent. C’est une battante »

Exprimer sa fierté d’être en vie et de continuer à se battre contre ce handicap invisible peut effectivement être une jolie manière d’envoyer valser les idées reçues !

Une dernière voie de réponse qui nous est rapportée consiste enfin à simplement ignorer les remarques, car les explications prennent beaucoup d’énergies pour un résultat qui n’est pas toujours à la hauteur : « Aujourd’hui, je ne me battrai plus contre des personnes tenant des propos rabaissant ça ne me touche plus car j’ai compris comment j’agissais, pourquoi et dans quel but. J’ai fais énormément de chemin, je gère de mieux en mieux mon trouble, je l’accepte et m’accepte alors peu importe l’opinion des autres. Je sais qui je suis et les propos qui me définissent vraiment. » ou en plus condensé « je leur dirais d’aller se faire voir ».

Mythe par mythe

Pour chacun des mythes suivants, nous pourrons voir d’une part par qui il a été prononcé dans l’entourage de notre échantillon, et d’autre part comment la littérature scientifique nous éclaire sur le sujet.

« Tout le monde est un peu borderline »

 

Par qui a été prononcée cette phrase ?

« C’est comme la bipolarité mais en moins grave »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

« Le diagnostic de TPB n’est pas valide / sérieux »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

Pour rappel ce mythe a été entendu par 55% de nos répondants, majoritairement par des professionnels de santé, la famille ou le grand public.

Tout d’abord, il est intéressant de se demander : pourquoi ces critiques ?

Divers arguments peuvent être entendus :

  1. Pour poser le diagnostic, il faut remplir a minima5 des 9 critèresdans la liste du DSM-V (diagnostical and statistical manual of mental disorders). Le nombre de combinaisons de ces critères pouvant aboutir à un diagnostic est, de fait, non négligeable : 126 profils différents en théorie. On peut par conséquent facilement comprendre qu’il y aura une grande variété de présentations différentes du trouble et une population fortement hétérogène.
  2. De plus, il est rare de n’être concerné.e que par un trouble borderline : 85% des personnes concernées ont également au moins un trouble comorbide.Cela signifie alorsque chaque individu présente une combinaison de symptômes borderline accompagnés d’un ensemble de comorbidités comme, par exemple, troubles anxieux, troubles du comportement alimentaire, traumas ou épisodes dépressifs, etc. Cela complexifie encore davantage la présentation clinique et augmente la variabilité des profils.
  3. Enfin, il faut souligner que le trouble borderline bénéficie d’une bien moindre couverture dans la formationdes soignants, si on le compare à la bipolarité, la dépression et la schizophrénie par exemple. Cela peut amener certain.e.s soignant.e.s à douter ou minimiser ce diagnostic, par méconnaissance.

Mais qu’en est-il réellement ?

Il faut savoir que le trouble borderline ne date pas d’hier. Il estreconnu dans le DSMdepuis 1980 et est toujours présent dans la version 5, sortie en 2013. Il a également une place dans la CIM (la classification internationale des maladies) de l’OMS où il a été renommé en personnalité émotionnellement labile (sous type borderline ou impulsif).

Des chercheurs s’intéressant à la validité du diagnostic depuis quelques décennies, ont réalisé plusieurs analysesstatistiques et arguent en faveur d’un construit, un tout cohérent, révélé par le diagnostic. Il y aurait notamment trois sous composants homogènes à ce construit :

  • perturbation des relations interpersonnelles
  • dysrégulation des émotions
  • dysrégulations des comportements

D’un côténeuroanatomique, si des anomalies ont été décelées au niveau de l’amygdale et du cortex préfrontal des personnes concernées, il semblerait, d’après de récentes études, que cela ne serait pas spécifique à ce diagnostic mais serait partagé plus largement dans la population psychiatrique.

En revanche, d’un point de vueneurobiologique, il y aurait un dysfonctionnement prononcé d’un réseau destructures du cerveau entrant en jeu dans lamentalisation et les cognitions sociales.

La mentalisationest la capacité à se voir du point de vue de l’autre et voir l’autre de son point de vue personnel. Ces facultés rendent possible une décentration de soi et de sasubjectivité.

Lescognitionssociales, quant à elles, servent par exemple à deviner l’état d’esprit de l’autre pour adapter nos comportements sociaux.

Les personnes borderlines ont donc des difficultés à repérer et identifier les indices sociaux leur permettant d’entretenir des relations saines et constructives.

D’autre part, il semblerait que ce réseau cérébral reste anormalement actif lors de tâches exécutives, empêchant l’individu d’être attentif et performant dans cette tâche, ou lui demandant un coût supplémentaire pour la réaliser malgré ce dysfonctionnement.

Enfin, il est intéressant de noter que plusieurs groupes de chercheurs continuent à étudier la conceptualisation du trouble, proposant de le subdiviser en différents sous-profils, plus homogènes, à l’instar de la CIM par exemple. On pourrait même imaginer voir se développer des prises en charge plus spécifiques à chacun de ces profils !

« C’est juste une crise d’adolescence »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

Ce mythe a été entendu par 43% de nos répondant.e.s en grande majorité par la famille.

Face à ce mythe, il convient de s’attarder sur la notion de crise d’adolescence et sur sonhistorique.Celle-ci est apparue en 1904 sous la plume d’un psychologue, Stanley Hall, qui parle d’une adolescence faite de « tempête et de tension ».

Pendant près de 70 ans, cette conception de l’adolescence ne sera que très peu remise en question. Puis en 1976, Rutter et ses collaborateurs vont étudier la totalité de la population adolescente d’une île anglaise, l’île de Wright, pour en tirer des données sur la psychologie développementale de cette période. Cette première étude met à mal les idées d’adolescences dominées par les crises. Ces travaux seront peu à peu reproduits et multipliés pour achever de mettre cette préconception au placard.

L’évolution des méthodologies a également permis cette remise en question. Les méthodes longitudinales ont effectivement pris leur envol, permettant, via le suivi et l’étude de grandes cohortes sur de longues périodes de temps, de se rendre compte de patterns développementaux plus ou moins courants.

Aujourd’hui l’adolescence est davantage conçue comme une période de maturationdans différents domaines tels que l’identité, les relations, l’empathie ou la résolution de problèmes. Les changements sont effectivement importants et de nouvelles préoccupations apparaissent chez les adolescent.e.s mais sans forcément être synonymes de crises. En effet, il serait estimé que seul un adolescence sur quatre vivrait une adolescence tumultueuse. De plus, dans le cas d’une crise, il ne s’agirait pas d’une rupture brutale avec l’enfance puisque, le plus souvent, des facteurs prédictifs sont retrouvés.

Quant aux troubles psychiques se déclarant effectivement à l’adolescence, leur prévalence est évaluée actuellement à 27,9%. Parmi ceux-ci, on peut compter :

  • Troubles anxieux
  • Troubles liés au stress
  • Troubles de l’humeur
  • Trouble obsessionnel compulsif
  • Troubles destructeurs du comportement
  • Troubles du développement neurologique

« On ne peut pas diagnostiquer le trouble borderline à l’adolescence »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

Cette affirmation a été entendue par 40% de nos répondant.e.s. Il s’agit majoritairement de professionnels de la santé mentale, ce qui peut s’expliquer dans le sens où c’est une phrase qui nécessite des connaissances sur le processus de diagnostic en santé mentale.

Quelles sont leurs raisons ?

  • le trouble borderline fait partie de la catégorie des troubles de la personnalité. Les professionnels expliquent alors qu’il convient d’attendre que la personnalité soit un tant soi peu formée et donc d’attendre après l’adolescence
  • certain.e.s sont aussi bien conscients de la stigmatisation dont peuvent souffrir les personnes souffrant de troubles psychiques, et plus particulièrement celles qui se voient diagnostiquer un trouble borderline. En ne posant pas le diagnostic trop tôt, ces médecins pensent ainsi protéger les patient.e.s du poids d’une étiquette stigmatisée

Que dit la littérature scientifique récente sur le sujet ?

L’adolescence semble être une période critique en ce qui concerne le trouble borderline (voir notre action d’information de l’année 2023 : Evolution du trouble de la personnalité borderline). Il est maintenant bien établi que c’est à cette période que ce trouble de la personnalité explose, avec un pic de prévalence important chez les jeunes adultes.

Des recherches se sont alors développées sur la forme que prend le trouble à cette période. Il semblerait que certains symptômes soient davantage prononcés et spécifiques à cette période : typiquement la dysrégulation émotionnelle, l’impulsivité et les comportements suicidaires apparaitraient à ce moment, avant d’être rejoints par de mauvaises relations interpersonnelles et des handicaps fonctionnels persistants.

Il est en effet aisé d’imaginer que ces premiers symptômes, s’ils ne sont pas pris en charge, vont s’enkyster et favoriser la dégradation d’autres pans de la vie des personnes concernées. C’est pourquoi, il est intéressant d’effectuer un diagnostic au plus tôt pour éviter le renforcement et l’installation des symptômes. De façon générale, il est largement admis qu’un trouble psychique a un meilleur pronostic s’il est pris en charge précocement.

Enfin des études ont eu lieu sur la validité d’un diagnostic de TPB à l’adolescence. Les chercheurs en ont conclu que le diagnostic de TPB avant 19 ans était fortement corrélé à sa détection dans les vingt ans qui suivaient. Cela signifie que le diagnostic à l’adolescence est fiable et prédictif d’un TPB à l’âge adulte.

Il est alors urgent que cette information soit largement relayée auprès des professionnels pour réduire l’errance diagnostique et permettre d’enrayer la progression du trouble chez les adolescent.e.s concerné.e.s.

« Le trouble borderline touche davantage les femmes »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

55% de nos usager.e.s ont entendu cette phrase. Il s’agit ici d’un mythe davantage véhiculé par le grand public et les professionnel.le.s de, qui laisse penser, pour ces derniers, à un biais de sélection (les médecins ne voyant que des femmes borderlines extrapolent et en concluent que seules les femmes peuvent être borderlines).

Cependant, si l’on regarde les statistiques les plus récentes issues de la littérature scientifique, il semblerait que :

  • la prévalence du trouble serait estimée à 3% chez les femmes contre 2.4% chez les hommes, dans la population générale. Cette estimation vient donc s’opposer directement à cette idée reçue
  • quant aux personnes diagnostiquées borderline dans la population psychiatrique, il s’agirait pour 72% de femmes contre 28% d’hommes

Nous voyons qu’il y a donc un écart conséquent entre ces deux chiffres, expliquant cette idée reçue. Une hypothèse souvent mise en avant est celle d’une expression des symptômes du trouble, différente en fonction du genre.

En effet, si certaines caractéristiques du trouble sont plus centrales (sensibilité extrême au rejet/abandon, dysrégulation émotionnelle, impulsivité) et largement partagées dans la population borderline; d’autres symptômes résultent des premiers en étant fortement influencés par le genre, l’âge, la culture ou l’histoire personnelle de la personne.

En ce qui concerne le genre, les femmes auraient des symptômes plus internalisés ou retournés contre elle comme des automutilations ou des tentatives de suicide qui les amèneraient à être prises en charge en psychiatrie. Les hommes quant à eux auraient davantage tendance à externaliser leurs ressentis et présenteraient des comportements plus antisociaux et des addictions, ce qui les conduiraient à consulter en service d’addictologie ou à se retrouver en prison.

Quid des personnes non-binaires dans la population borderline ?

Il semblerait y avoir une plus grande diversité d’identité de genre, tout comme d’orientation sexuelle dans la population borderline. Pour l’instant, la recherche scientifique dispose de trop peu de recul pour se prononcer sur le sujet mais des études sont en cours. Plusieurs hypothèses sont donc permises. Par exemple, la plus grande proportion de TPB chez les personnes trans pourrait être expliquée :

  • soit par le fait que les personnes trans* sont plus souvent victimes de traumatismes et donc plus susceptibles de développer un trouble borderline
  • soit par le fait que les médecins stigmatisent les personnes trans en voyant la transidentité comme une pathologie de l’identité et ainsi en diagnostiquant abusivement un TPB à ces personnes

Affaires à suivre…

« Les personnes atteintes de TPB sont juste très colériques »


notre échantillon de personnes concerné.e.s. Il a été majoritairement véhiculé par lesprochesdes personnes.

« Juste » colériques ?

En effet, la colère est présente dans les critères du trouble de la personnalité borderline. Plus précisément, le critère exact est : «colères intenses et inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère (ex. : fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées) ».Toutefois, il nous faut rappeler que ces critères sont au nombre de 9 ce qui modère l’importance de la colère dans ce tableau de symptômes.

D’autre part, comme évoqué précédemment, plusieurs groupes de chercheurs travaillent sur la définition de sous-types de profils bordelines plus homogènes.

Pour exemples, des sous-divisions proposées :

  • Profil prototype (avec importance de la colère, de la peur de l’abandon, des passages à l’acte et peu de méfiance), colérique / agressif, méfiant / paranoïaques, faible identité / faible colère (avec peu de colère ressentie et une très faible notion de soi)
  • Profil affectif (dysrégulation émotionnelle prédominante), impulsif (problématiques addictives et trouble de la personnalité antisociale comorbide), agressif, dépendant (importance de l’intolérance à la solitude, attachement insécure prédominant), vide ( prédominance des problèmes identitaires)
  • Profil impulsif (imprévisibilité prédominante, recherche de sensations, prises de risque), découragé / silencieux (tendance à la soumission, dépendance à l’autre, automutilations), autodestructeur(prise de risque, problématiques addictives, haine de soi) et irritable( impatience, pessimisme, paranoïa, insatisfaction)

Si ces sous-catégories sont encore en cours de définition dans la littérature scientifique, il semble se dessiner des types de profils qui reviennent. Nous pouvons alors remarquer que, si la colère est prédominante dans certains, elle est beaucoup plus secondaire, voire absente, dans d’autre sous-types à l’instar du borderline silencieux (quiet bpd)par exemple.

Se concentrer uniquement sur la colère risque donc d’entraîner de l’errance diagnostique et ainsi un retard de prise en charge pour les personnes chez qui elle est réprimée ou cachée.

Pourquoi cette colère ?

Si colère il y a, il nous semble plus intéressant de se poser la question du pourquoi.

Plusieurs hypothèses peuvent être trouvées dans la littérature et sont en cours d’évaluation, en voici quelques unes :

  • Dysrégulationémotionnelle : les émotions arrivent vite et fort et l’incapacité à les gérer peut conduire à la rumination qui au final ne fait qu’accroître la colère initiale, jusqu’à l’explosion
  • Attachementinsécure : n’ayant pas une bonne confiance en nos figures d’attachement et une peur massive de l’abandon, il est difficile d’exprimer les limites et les désaccords. Ici encore, cela entraîne de la répression jusqu’à l’explosion
  • Honte : la honte est une émotion très présente dans le TPB. Selon la littérature, elle est également très corrélée à la colère. En effet, la honte est une émotion qui peut être extrêmement destructrice car elle s’attaque à notre soi profond. Afin de se soulager de celle-ci, on peut alors avoir être tenté de projeter la faute perçue sur autrui, ce qui entraîne alors de la colère.
  • Traumas : ceux-ci sont très présents dans le passé des personnes borderline et sont souvent corrélés fortement à la colère.

Dans tous les cas, il s’agit de pouvoir réussir à identifier cette colère quand celle-ci grandit, de la ressentir sans honte ni haine de soi, de l’exprimer de façon adaptée et ainsi de la dédramatiser pour éviter l’effet cocotte-minute.

« Les borderlines sont tous.te.s des manipulateur.ices »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

 

45% des personnes interrogées nous ont rapporté avoir entendu ce mythe, majoritairement de la bouche de leurs proches ou connaissances.

La manipulation, qu’est ce que c’est exactement ?

Définition :volontairement influencer l’autre à ses propres bénéfices en utilisant charme, persuasion, culpabilité, omission, tromperie, séduction, provocation ou contrôle

D’où vient ce mythe ?

Originellement, cette idée était très courante chez les professionnels de la santé mentale en échec avec les patient.e.s atteint.e.s de TPB. Les thérapies usuelles et non spécifiques n’ayant que peu de succès, la frustration a gagné nombre d’entre eux et la perpétuation de ce mythe a largement contribué à la stigmatisation des personnes concernées par le trouble.

Il faut également noter que la manipulation était un critère du trouble, à l’origine, dans le DSM III. Elle a depuis été remplacée par « efforts désespérés pour éviter l’abandon ».

Il reste actuellement des débats aujourd’hui pour savoir si ces actes sont des manipulations délibérées ou ne constituent que l’apparence de la manipulation.

Pourquoi ces comportements ?

Plutôt que d’entrer dans ce débat, penchons nous sur les hypothèses à la racine de ces comportements.

Plusieurs fonctions ont pu être proposées à ces comportements :

  1. Connaissance : ces actes permettraient de provoquer l’autre et de le pousser à faire des choses concrètes et explicites. Comme les personnes concernées par le TPB ont des déficits de mentalisation (capacité à déduire l’état d’esprit des autres), la mise en acte permettrait un décodage plus facile des intentions et émotions d’autrui.
  2. Communication :ils permettraient de provoquer une émotion chez l’autre, en miroir de la nôtre et, ainsi, de la communiquer.
  3. Connexion : par conséquent, si l’autre ressent la même émotion que soi, il peut y avoir un sentiment de connexion, souvent recherché par les borderlines. D’autant plus que les actes et les réactions concrètes, même négatives, sont souvent préférables au vide et à l’incertitude.
  4. Contrôle : le besoin de contrôle est également très fort chez les personnes concernées. Provoquer n’importe quoi chez l’autre donne une sensation de contrôle sur son environnement, sensation recherchée face à un tenace sentiment d’impuissance qui a pu se développer face aux traumatismes passés et aux émotions incontrôlables qui semblent dépasser les personnes.

D’autre part, la combinaison d’un déficit des cognitions sociales et de l’impulsivité peut conduire à réagir avec des comportements qui paraissent efficaces, mais seulement à court terme. Un apprentissage de ces comportements a pu avoir lieu pendant des années, quand seuls ceux-ci semblaient pouvoir répondre aux besoins de la personne. Malheureusement avec le temps, ces actes entraînent des abandons et des ruptures de lien.

C’est pourquoi il est ô combien important pour les personnes concernées comme pour leurs proches que des alternatives soient expérimentées et entraînées, en thérapie, afin de pouvoir développer des relations plus épanouissantes.

« Les comportements d’automutilation ne sont qu’une recherche d’attention »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

 

« Il suffit de prendre sur soi pour aller mieux »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

 

« Les personnes borderline ne pourront jamais aller mieux »

Par qui a été prononcée cette phrase ?

 

Bibliographie

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